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Commissaire Mira

PARDON POUR CE MOMENT



Des suicides, du chantage, des activistes barjots jouant avec le devenir de la planète, nos plus grands décideurs et dirigeants qui démissionnent à tour de bras, une Fondation de renommée internationale dans la tourmente et surtout la Révolution qui fait rage dans les rues de Marseille et d’ailleurs.
.
Pour la première fois de ma magnifique carrière dont tu as été en grande partie témoin, je suis totalement déboussolée. Je ne sais plus sur quelle affaire je bosse, ni si affaire il y a.
J’aurais mieux fait de prendre un congé parental mais quand le Président ordonne, Mira s’exécute.


Extrait :

C’était un moment ordinaire.
Une terrasse de café baignée de la lumière rosée de fin d’après-midi.
Des serveurs affairés qui venaient juste de prendre leur service, des hommes soulagés de pouvoir enfin dénouer leur cravate après le stress d’une journée de travail, des jeunes épris de liberté sirotant un verre d’alcool en se prenant pour des hommes, des amies exaltées de se retrouver pour se raconter leurs secrets inavouables, des touristes ébahis de trouver une ville franchement belle et accueillante, ou encore des personnes trop seules venues trouver ici un semblant de vie sociale.
Et cette brise bienfaisante emportant avec elle les soucis, les désillusions, les problèmes, toutes les colères accumulées.
Bref un moment merveilleusement ordinaire.

Attablée dans l’angle, bien à l’abri du regard des passants déambulant de l’autre côté des bacs à bambous, une jeune femme donnait le sein à un nourrisson âgé de trois semaines à peine. Une rangée devant, profitant d’un moment de répit, deux amis buvaient en silence.
L’un d’eux, le plus jeune, ne se lassait pas du spectacle de la mère et l’enfant qui se regardaient comme si rien d’autre n’existait. Ni les rires, ni les cris, ni le bruit des voitures ne semblaient les atteindre tant ils étaient liés l’un à l’autre, dans un cocon fait de confiance et d’amour. À ce moment-là, l’un découvrait et l’autre promettait, l’un demandait et l’autre donnait, l’un souriait et l’autre recevait.

- C’est ça la vérité, rien d’autre, remarqua le plus jeune. Pas vrai ?

Malgré une ombre bienfaisante et un soleil largement déclinant, l’autre homme gardait ses lunettes noires pour fixer l’horizon très lointain, bien au-delà de l’embouchure du port. Lui aussi avait vu ses voisins de table, pourtant il ne répondait pas. Rien, d’ailleurs, ne semblait l’intéresser en dehors de ses propres pensées.

- C’est sympa de boire un verre avec vous, soupira le plus jeune. On est là depuis un quart d’heure et vous avez à peine ouvert la bouche. Si je vous ennuie, je peux m’en aller.
L’autre tourna la tête, l’observa un instant et finit par hausser les épaules :

- De quelle vérité tu parles ? De celle de milliards de gamins pendus au sein de leur mère depuis la nuit des temps ? Des gamins qui n’ont jamais demandé à venir au monde et qui, quoi qu’il arrive, sont devenus des adultes plus ou moins respectables, plus ou moins ambitieux, malheureux, reconnus, instruits, solitaires, détraqués ou misérables selon les chemins qu’ils auront pu ou dû emprunter ? Lui, par exemple. Ses parents attendent tant de lui. Mais c’est sans compter sur un divorce, la maladie, la précarité qui les attend peut-être…sans parler des catastrophes liées à l’époque… La vérité ? La vérité c’est que la vie n’est pas un conte de fée. Alors oui, le tableau est mignon, mais ne t’attendris pas trop, ce gosse est à plaindre, ou à craindre crois-moi.
- J’ai bien fait de venir. C’est vrai qu’au bureau vous n’avez pas une réputation de boute-en-train mais vous vous êtes dépassé ! Moi je dis que ce gamin va grandir dans une famille heureuse, qu’il va choisir un métier du genre boulanger, qu’il va chanter devant son four pendant que sa femme toute potelée servira les clients avec une ribambelle de gosses en train de courir vers l’arrière-boutique des croissants plein les poches. C’est aussi un scénario possible et je préfère celui-là.
L’autre se redressa nerveusement, sembla vouloir répliquer mais se ravisa, soudainement las. Il ôta ses lunettes, coinça un billet sous la coupelle et se leva :
- Tu as raison, ce sera un bon boulanger. Je suis désolé ce fut une sale journée. À demain petit.
Le « petit » le salua avec bienveillance en secouant la tête afin de dédramatiser un peu la situation. Tout le monde pouvait bien avoir une baisse de moral, il comprenait. Il suivait des yeux son ami et ressentit de la peine pour cet homme tellement brillant et si seul à la fois. Aucun de ses collègues de travail ne l’invitait jamais à déjeuner, le jugeant trop sérieux et trop concentré sur le boulot. Pas drôle en fait. Une fois par an ils partageaient tous ensemble le repas de fin d’année. Tous avaient été surpris de le voir accompagné. On le croyait célibataire et sans enfant, mais il était marié à une femme pétillante et pleine d’esprit. Vincent (le plus jeune), avait eu beaucoup de plaisir à discuter avec eux ce soir-là et dès lors, ils se fréquentaient de temps en temps en dehors du bureau, soit entre hommes, soit avec elle. Des rumeurs malveillantes avaient couru au sujet d’une relation entre Vincent et Sandra mais tout ceci n’était que médisance. Une réelle amitié était née entre ces trois-là, mêlée d’admiration, de respect et de curiosité.

Une fois seul, Vincent se remit à observer avec tendresse la mère et son enfant…. Heureux, il ne put résister à les prendre discrètement en photo tellement l’image était belle. Il l’envoya à son ami avec un smiley attendri, espérant ainsi lui redonner un peu le sourire. Et pourtant, elle était belle, les clients ne voyait qu’elle… L’air lui était venu comme ça, naturellement, en repensant au boulanger que ce gamin deviendrait peut-être.
Enfin, il étendit ses jambes sur la chaise laissée libre par Alex, ferma les yeux et goûta au bonheur d’être simplement là.

Mirabelle Barane aux Editions du Vallon.
ISBN : 978-2-9194910-8
Prix : 10.00 euros

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Commissaire Mira
Contact Mirabelle Barane : commissairemira@orange.fr
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